Une discrimination structurelle Etats-Unis: l'esprit de Jim Crow n'est pas mort

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Le groupe de travail de l'ONU sur les «peuples d'origine africaine» fait un constat sévère sur la discrimination et la ségrégation.

Beale Street, Memphis, Tennessee. «Rex Billiard Hall for Colored.»
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Beale Street, Memphis, Tennessee. «Rex Billiard Hall for Colored.» Foto: PD

9. Februar 2016
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«L'histoire coloniale, l'héritage de l'esclavage, de la subordination raciale et de la ségrégation (…) aux Etats-Unis demeurent des défis sérieux du fait qu'il n'y a eu aucun engagement réel de réparation ni de vérité et réconciliation pour les peuples d'origine africaine», jugent les experts du Conseil des droits de l'homme dans leur rapport de fin de mission. Malgré de notables améliorations depuis la fin des lois ségrégationnistes Jim Crow (1964) et la lutte pour les droits civiques, «l'idéologie de la domination d'un groupe sur un autre» continue d'avoir un impact négatif sur l'ensemble des droits des Afro-Américains.

«Une discrimination structurelle»

Les experts, qui ont visité les Etats-Unis du 19 au 29 janvier 2016, dressent un sombre panorama des nombreux domaines où cette discrimination a des effets dramatiques: justice, prisons, santé, écoles, sécurité, droit de vote... Le «fossé persistant dans presque tous les indicateurs de développement humain, comme la durée de vie, les revenus et les bien, le niveau d'éducation et même la sécurité alimentaire» entre les Afro-Américains et le reste de la population reflète le degré de «discrimination structurelle» qui interdit aux premiers le plein exercice de leurs droits humains.

Cette discrimination se traduit aussi par un «niveau alarmant» de violence policière contre la population noire, en toute impunité. Les experts soulignent l'absence de système national de suivi sur les meurtres commis par les forces de police. Les cas où les auteurs ont été tenus responsables sont rares et de nombreuses familles de jeunes Noirs tués par la police attendent toujours que justice soit rendue. Le groupe de travail a également constaté l'absence d'équipes indépendantes des départements de police dans la phase initiale des enquêtes et met en cause la grande marge de manœuvre des procureurs dans la présentation des charges. Cette marge ne correspondrait pas aux standards internationaux.

Au delà du constat, les experts de l'ONU font le rapprochement entre ce qui se passe aujourd'hui et les lynchages du temps des lois Jim Crow, «une forme de terrorisme racial (…). Des milliers de personnes d'origine africaine ont été tuées au cours d'actes de violence publics de contrôle racial et de domination. Personne n'a jamais eu à en répondre». Pour les experts, les tueries policières contemporaines et le traumatisme qu'elles provoquent sont «des réminiscences de la terreur raciale des lynchage du passé. (…). L'impunité de la violence d'Etat doit être prise en compte de manière urgente».

Le rapport complet sera présenté au Conseil des droits de l'homme en septembre 2016.

Michel Bührer / Infosperber